Ceux qui connaissent la série Sniper Elite savent à quoi s’attendre. Un mélange d’action/infiltration teinté de tir de précision. Depuis ses débuts, la série nous fait visiter tous les fronts de la seconde guerre mondiale, ce qui permet un joli dépaysement. On a ainsi pu profiter de la bataille de Berlin dans le premier épisode, d’une visite de l’Allemagne pour l’épisode V2, de l’Afrique du Nord dans le 3e opus, et de l’Italie dans le quatrième et dernier. Karl Fairburne était donc en vacances depuis 2017. Mais Rebellion a décidé que 2022 serait l’occasion d’aller visiter la France.
Côté scénario, les férus d’histoire savent que Karl est employé pour contrecarrer les plans du 3e Reich, et plus particulièrement ses programmes d’armement. Si Sniper Elite V2 nous plongeait en pleine opération Paperclip, l’épisode 3 nous emmenait sur les traces du prototype du char Landkreuser P1000, tandis que l’épisode 4 nous demandait d’aller faire capoter le programme de missiles Henschel Hs 293. Ceci dit, pour ce cinquième épisode, il nous faudra aller s’attaquer au projet Kraken qui s’avère être…complètement imaginaire. Dommage pour les férus d’histoire.
Quoi qu’il en soit, les Sniper Elite n’ont jamais vraiment misé sur leur scénario pour attirer les joueurs. L’aventure s’étend sur 9 missions (plus la fameuse mission bonus de précommande ou l’on doit aller assassiner Hitler – cette fois dans son repaire du Berghof), et comme à chaque fois, on traquera le responsable du programme d’armement qui fait office de grand méchant (un certain Abelard Möller ici). Niveau gameplay, cet épisode ne va pas nous éblouir par ses nouveautés. Le concept reste le même, et notre agent de l’OSS est donc débarqué sur une map assez vaste sur laquelle il devra remplir une série d’objectifs. Les principaux suffisent à terminer la mission, mais il faudra fouiller chaque recoin de la carte pour pouvoir dénicher les objectifs secondaires. Comme toujours on pourra alterner entre foncer dans le tas à grand coups de SMG, se la jouer infiltration totale, sniper les ennemis de loin, ou mélanger toutes ces approches. Sachez d’ailleurs qu’en ce qui concerne le tir de précision, Rebellion offre une large liberté au joueur. Il est ainsi possible de régler le niveau de difficulté, allant du mode avec un réticule qui prend en compte la trajectoire de balle et le vent, à celui où on ne dispose d’aucune aide, et où il faut tout régler manuellement, ce qui demande un sacré skill.
Sniper Elite 5 : évolution plus que révolution ?
Pour autant, Rebellion n’est pas venu les mains vides avec ce Sniper Elite 5, et on y trouve pas mal de petites nouveautés. Tout d’abord, on va pouvoir personnaliser notre personnage bien plus qu’avant. Chaque arme dispose de nombreuses pièces qui vont pouvoir modifier ses stats. Silencieux, optiques de visée, grips, chargeurs et type de munitions vont radicalement modifier le comportement de nos pétoires. Sauf qu’il va désormais falloir débloquer ces améliorations en partant à la recherche d’établis planqués un peu partout sur les différentes maps. Ces derniers vont permettre de débloquer des accessoires, mais aussi de changer nos armes en cours de mission, si le besoin s’en fait sentir. D’ailleurs, si une arme ennemie nous fait de l’œil, il suffit simplement de neutraliser son propriétaire et de la ramasser. Seul hic : il sera impossible de recharger ce type de pétoires, et on devra donc se contenter du peu de munitions contenues dans l’arme. Ceci dit, les soldats ennemis sont également amateurs de modifications, et on pourra donc mettre les mains sur des pétoires largement modifiées, et disposant d’upgrades qu’on n’a pas encore débloquées.
En plus des pétoires classiques, on retrouve tout l’arsenal de destruction auquel on est habitué. Des grenades aux mines anti-tank en passant par des mines antipersonnel, des charges de TNT, des bouteilles vides pour leurrer l’ennemi et bien sûr les divers kits de soin pour regonfler la vie de notre sniper. On va aussi pouvoir personnaliser notre personnage via un tout nouvel arbre de compétences. Chaque mission va nous octroyer une quantité d’XP qui dépendra de nos actions. En clair, il faudra réaliser tous les objectifs, et récolter un maximum de collectibles pour repartir avec le plus de points d’XP. On réinvestira ces points pour s’acheter de nouvelles capacités comme une barre de vie plus grande, un rythme cardiaque qui se stabilise plus vite ou une meilleure capacité d’emport de munitions.
Sniper Simulator
Comme toujours, si on retrouve la célèbre kill-cam (qui se déclenche un peu n’importe quand, une option permet de régler la récurrence de ses apparitions), cette dernière n’est désormais plus réservée au fusil de sniper. On peut désormais voir nos meilleurs tirs au pistolet ou à la SMG venir déchiqueter les chairs des pauvres soldats de la Wermacht. Pour autant, la feature s’active nettement moins souvent qu’avec le fusil. Ceci dit, la kill-cam a également évolué avec des effets différents en fonction des munitions utilisées. On voit ainsi l’effet dévastateur des munitions soft-point sur les tissus. Parmi les nouveautés, on note également la possibilité d’avoir de nouveaux points d’arrivée et d’extraction dans les missions. Seulement il faudra les trouver et les débloquer avant de pouvoir en profiter. L’idée étant là de pouvoir octroyer une certaine replay value au titre en offrant de nouvelles options tactiques aux joueurs. Au niveau des déplacements, de hautes-herbes ont fait leur arrivée pour se cacher, tandis que Karl Fairburne pourra désormais se la jouer façon Ezio Auditore en grimpant à certaines façades, ou en escaladant des gouttières.
D’ailleurs, les maps sont assez variée et offrent pas mal de styles de jeu différents. Le bocage normand est parfait pour les tirs à longue distance de sniper, tandis que les bunkers allemands se prêtent plus à l’infiltration et aux exécutions au corps-à-corps. On se doit aussi de mentionner le superbe niveau au Mont-Saint-Michel, appelé ici Beaumont-Saint-Denis, qui offre une verticalité inouïe au gameplay, avec de très nombreux niveaux. Forcément, chacun aura ses préférés, mais globalement la variété est assez bonne, et on trouve forcément chaussure à son pied parmi les 9 niveaux proposés. Sachez que la campagne peut se rusher en une dizaine d’heures à peine en allant vite (et en ne faisant que les objectifs principaux), mais que le total peut aller jusqu’à 30h lorsqu’on prend bien le temps de tout fouiller.
La Grande Guerre
Il faut dire que l’ennemi n’oppose pas forcément une grande résistance, et ce, même dans les modes de difficulté les plus élevés (ou notre sniper devient très fragile). L’IA adopte un comportement très variable, et est capable du meilleur comme du pire. Le pire, c’est quand des soldats nous passent juste devant, voir nous heurtent, sans nous repérer, ou qu’ils tombent sur les cadavres de leurs collègues sans se poser la moindre question. L’inverse est également vrai, lorsqu’on se fait voir de nuit à travers des buissons à plus de 300 mètres par un troufion qui monte la garde. Le meilleur, c’est plutôt lors des phases d’alerte, quand toutes les sirènes hurlent, et que la garnison entière sait que nous sommes là. À ce moment, certains soldats arrosent notre position, tandis que d’autre nous contournent pour nous prendre à revers, faisant preuve d’un sens tactique jusqu’alors assez inédit dans la série. Le seul hic, c’est qu’il faudra donc jouer comme un bourrin pour profiter de ces moments de grâce de l’IA. Le reste du temps, ceux qui ont poncé la série Sniper Elite devraient se sentir comme à la maison.
Si vous n’êtes pas du genre asocial, sachez que plusieurs modes multi sont au menu. On retrouvera le classique mode survie où l’on bousille des ennemis par vague (transformez ce mode avec des undeads et vous avez Nazi Zombie Army), ainsi que le mode versus avec des affrontements jusqu’à 16 joueurs, qu’il s’agisse de FFA, de combat en équipes de 4, ou du célèbre mode sniper où les équipes sont séparées par une barrière infranchissable. On peut également jouer la campagne en coop avec un ami (en ligne uniquement), mais les options pour tagguer les ennemis sont indisponibles lorsqu'on regarde dans la lunette. Le micro sera donc obligatoire pour faire des tirs synchronisés. La vraie nouveauté vient de l’arrivée du mode Invasion, qui permet à un joueur de venir en embêter un autre en pleine partie. Concrètement, lorsqu’on lance sa campagne, le jeu nous demande si on veut ouvrir sa partie ou pas aux envahisseurs. Bien sûr, l’avantage d’accepter, c’est qu’on aura un généreux bonus d’XP en fin de mission. L’inconvénient, c’est qu’un joueur peut venir incarner un soldat du Reich, et son objectif sera de descendre Karl Fairburne.
Invasion Los Angeles
Si Karl tue l’autre joueur, il empoche un bonus d’XP encore plus gras, tandis que si l’envahisseur gagne, il fera monter sa jauge de kills. Cette dernière comporte plusieurs paliers, et chacun permet de débloquer du contenu, qu’il s’agisse de cosmétique, ou d’équipement afin de modifier les armes de base, et donc de se donner de meilleures chances face à Fairburne. Lorsque l’envahisseur arrive, il spawn à quelques encablures d’un joueur, là où ce dernier en est dans sa mission. Cela peut-être au début, comme à la fin. Quoi qu’il en soit, il doit donc se mettre en chasse du sniper yankee sans traîner, sachant qu’il peut compter sur toutes les autres IA pour l’aider. Une fonction asservie à un cooldown permet de demander aux IA de se concentrer un peu plus, et de signaler la présence de l’agent de l’OSS si ce dernier est à proximité. Après plusieurs minutes, des téléphones vont s’activer. Via un coup de fil, on saura où se trouve notre cible à l’instant T, tandis que l’adversaire saura depuis quel appareil on a passé notre coup de fil.
Par sa construction, l’affrontement est déséquilibré, mais on a trouvé des circonstances ou il était incroyablement favorable à Karl (lorsque ce dernier a fait le ménage, qu’il est sur une position favorable, ou que la mission est presque finie), et d’autres, ou le soldat de la Wermacht n’avait aucune chance de perdre. Typiquement en début de mission, où lorsqu’on tombe sur une partie où le joueur adverse ne joue pas la subtilité. Du côté de Karl on adore laisser tomber la mission pour partir en chasse de l’envahisseur. Tandis que le plaisir de venir embêter des joueurs, et leur ruiner leur partie, est assez jouissif du côté des forces de l’Axe.
Papy Karl
Reste que Sniper Elite 5 montre quand même son âge au niveau de la technique. Si le jeu tourne relativement facilement même avec une machine datée, son rendu visuel n’est vraiment pas digne de l’époque contemporaine. Les graphismes sont datés, mais ce sont surtout les animations qui fleurent bon le début de septième génération. Les expressions faciales font vraiment penser au musée Grévin, tandis que les animations sont hyper rigides, et pas forcément en accord avec le terrain. Les changements de posture sont particulièrement sujets à ces problèmes. Pourtant, le jeu continue d’offrir une belle distance d’affichage, ce qui est forcément indispensable pour un jeu axé autour d’un sniper. Bref, ne vous attendez pas à vous faire déchirer la rétine.